Ô nuits d'Agrabah ! Terres aux milles saveurs, aux milles délices. Au-delà des cavernes de jade, le Sixième Royaume se dresse fièrement. Protégé par les montagnes rocheuses qui entourent et couvent leurs terres, Umm Ash-shams est le deuxième plus grand royaume d'Enarya. S'étendant sur près de 2 149 690 km², ce territoire, uniquement fait de sable et de roche, plonge dans l'océan oriental au sud pour apporter cette fraîcheur qui manque cruellement au Palais.

A Umm Ash-shams, c’est la chaleur qui domine et les températures sont écrasantes. Il n’est ainsi pas rare de voir des petits oasis sans prétention s’assécher en quelques jours. La chaleur est si étouffante que certains perdent la vie dans les dunes de sable. Les visiteurs les plus téméraires réussissent à rester quelques jours sans suffoquer. Les plus fragiles repartent aussitôt. Difficile de s'acclimater à ce pays où le soleil brille tout au long de l'année. Bien le plus précieux qui soit, l'or bleu est convoité sur ces terres arides où il pleut très rarement. Les vents chauds font monter la température et l'ombre ne vous sera que peu utile. De la fusion du vent et du sable naissent de terribles tempêtes de sable qui vont parfois jusqu’à assiéger les villes.  Dans ces tourments ensablés, tentes et caravanes solitaires sont réduites à néant et les murs de la cité d'Agrabah sont progressivement engloutis.

Dans ce lieu où le désert peut devenir notre pire ennemi, la faune a survécu, diverse et variée, et s’est adaptée aux caprices du temps, jusqu’à devenir aussi exotique et dangereuse que le royaume lui-même. Symbole même du Sixième Royaume et digne représentant de ces terres arides, le cheval, animal majestueux, domine Agrabah. Des milliers de chevaux peuplent Umm Ash-shams et les habitants ne sont pas peu fiers de leurs équidés. Fierté de la famille Al-Naaqa, les faucons peuplent également avidement le royaume et sont utilisés pour chasser les proies dans leur milieu naturel ou, plus simplement, en tant que messagers. Utiles aux transports comme aux balades tranquilles, le chameau est celui qui peut traverser tout un désert sans faillir. Souvent raillés, les chameaux sont pourtant des êtres gentils et attentionnés qui ne demandent qu'à être aimés. Spécimens uniques, ils sont les seuls doués de la parole. Outre ces animaux à quatre pattes, le désert est dominé par les insectes et autres reptiles qu'on ne saurait voir, comme les lézards ou encore les serpents. Autrefois symbole de la famille royale déchue et sans doute annihilée, ils font aujourd’hui tinter leur queue à sonnette pour en imposer et couvent sous le sable des dunes de Kachgar. Reptile venimeux, il est celui qui vous mord et vous empoisonne si vous ne faites pas attention à où vous mettez les pieds. Le désert est également peuplé de scorpions, aussi dangereux que les serpents, ou encore de scarabées, symbole de la vie et de la fertilité. Au détour d’une dune, les fennecs, petits canidés au pelage de sable, ne manqueront pas d’attirer votre œil, mais vos chances d’en approcher un sont infimes, et peut sont domestiqués. Mais le peuple du désert vous dira sans aucun doute que le lion domine de toute sa majesté cette faune diverse et variée. Féroce, fier, sauvage, il est comme ce désert indomptable, ce sable chaud, ce peuple mystérieux et ce royaume enchanteur.

Au milieu de ces terres arides dépossédées de contrées enneigées et de champs ensoleillés, la végétation résonne comme un écho qui sépare, tel un gouffre, la ville et le désert. La ville possède une végétation luxuriante, vrai paradis artificiel, fabriqué de toutes pièces et composé de nombreux palmiers, de buissons et d'arbres fruités, là où les fleurs parcourent ruelles et jardins, jusqu’à resplendir sur les murs de certaines maisons. Le désert, lui, n'est que l'écho d'un monde sec et aride, où la flore ne parvient que rarement à survivre dans cet erg étouffant. Seuls les oasis représentent alors une source de vie, telle une parenthèse faite de palmiers, de plantes grasses et des quelques fruits poussant sur les arbustes. Ces petits coins de paradis, perdus au milieu de la sécheresse incandescente, sont donc rares et convoités, cachés et insoupçonnés, et représentent une source de vie jalousement gardée et cultivée précieusement par les bédouins et autres nomades, qui ne partagent pas leurs ressources.

Unis sous une même bannière, on trouve pourtant au sein des habitants du désert toute une palette de couleurs, une variété de mœurs et de coutumes. Alors que les nomades peuplent les dunes et se déplacent en cortèges de caravanes jusqu’à la prochaine oasis, ignorant la ville, ne s’en souciant pas et ne dépendant que du chef de leur tribu à qui ils ont juré fidélité, les habitants des villes sont de grands commerçants attachés à leurs négoces, leur bien le plus précieux, et portent haut dans leur estime la famille souveraine, modèle de perfection sur lequel ils calquent leur vie.

Dans les aires les plus arides, on ne connaît le roi que de nom, on se juge libre, et indépendant d’une quelconque tête couronnée, sans pour autant la défier. Ces hommes initiés aux secrets du désert, dresseurs de faucons, vivent entre eux derrière les voiles de leurs tentes, ne s’ouvrent que rarement, n’ont besoin de personne. La parole est d’or, les écrits sont rares. Un serment, une poignée de main, ou la main de sa fille sont des gages bien plus efficaces qu'un contrat signé. Celui qui trahit sa parole sera couvert de honte tout au long de sa vie, rejeté et sévèrement jugé, le mensonge étant le pire des vices. Les nomades ne sont pas de grands bavards, mais derrière cette austérité apparente et cette nuée mystérieuse les rendant presque inaccessibles, les bédouins sont des conteurs de talent, et la finesse de la prose reste unique. Ancrés dans les traditions, ils transmettent durant les veillées nocturnes les récits fantastiques qu'ils ont reçus de leurs ancêtres, dans une passation orale pour la génération suivante. Les thèmes du quotidien sont rendus miraculeux par une rencontre avec un djinn, ou par la découverte d’un trésor enfoui ayant fait la richesse de son nouveau propriétaire.

Nomades et sédentaires sont très croyants et très superstitieux. On honore le culte des djinns, esprits du feu, de l'eau et des cieux pouvant s'incarner dans un animal ou un homme. On mène une vie honnête pour éviter le courroux leur courroux, eux dont les pouvoirs sont immenses. Dans ce pays au sable fin, on croit au karma, mais aussi aux forces de la nature. Le désert  entourant Agrabah a alors sa propre personnalité, un caractère divin, et les tempêtes de sables symbolisent sa colère et sa charité.

A Umm Ash-shams, deux mondes gravitent l’un autour de l’autre, reliés par leurs origines, leur culte et ce désert qui les encercle. Le premier est secret, caché dans les dunes, le deuxième est vivant, animé, chaleureux et évolue derrière les hauts murs de la kasbah.

Les citadins ont le commerce dans le sang, et négocier un bien avec eux est d’ailleurs conseillé. Il s’agit d’une coutume, où trouver le prix juste, ensemble, après maintes négociations, est une preuve de respect. Le royaume, bien trop sec pour accueillir une agriculture convenable, est la référence en matière de luxe et de parures. C’est ici que sont réalisés des tapis d’une finesse exquise et que l’on trouve les plus délicates soieries, déclinées dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et puis, il y a ce thé, à la saveur racée incomparable, et ces montagnes d’épices si convoitées.

Le maquillage au khôl, les dentelles de henné ainsi que les hammams ne sont qu'une particularité parmi tant d’autres de cette nation raffinée, où l’on ne néglige pas les soins de la personne. Les montagnes gorgées de richesses offrent de nombreuses pierres précieuses s’illuminant sous le soleil parmi les nombreux étalages surchargés du souk. Les marchés sont un lieu commercial pour ces habitants du désert, et possèdent aussi un aspect culturel et social, un lieu où l’on se retrouve, en discutant et en faisant des rencontres. Un lieu où  les fakirs et charmeurs de serpents exposent leurs talents en surprenant les étrangers. L’opulence est ici caractéristique, et l’on charge toujours plus de couleurs vives les mosaïques et les vaporeux atours féminins. Pour que chaque mariage soit heureux, on invite tout le voisinage auquel on présente une dizaine de mets pour laisser le choix aux papilles, charmer les yeux et faire honneur aux convives.

Les habitants du désert sont aussi célèbres pour leurs nombreux loisirs exotiques, ne supportant pas l’ennui. Presque aucun jour ne se passe sans qu'une course de chevaux ou de chameaux ne vienne animer la ville. L'emblème royal étant un cheval cabré, la noblesse de cet animal est toujours mise en valeur dans de longues courses où chacun vient s'amasser autour des stands pour parier. Les jeux de fauconnerie sont aussi courants, tout comme les banquets durant lesquels les danseuses viennent dévoiler leurs charmes et leurs talents. Les femmes ont d'ailleurs une place très spéciale dans la société : elles n'ont quasiment pas le droit à la parole, ne dirigent pas et ne commandent pas, et le pouvoir leur échappe, détenus par les hommes auxquels elles ne peuvent s’opposer. Cependant, certaines femmes Al-Naaqa bénéficient d’un statut différent. Du reste, l'homme est celui qui tient les ficelles, il est fier et a le sang chaud. La misogynie pèse sur ce royaume, là où la polygamie est autorisée, et où  le roi n'a aucune honte à avoir son propre harem et à posséder plusieurs épouses. Tromper son époux ou fréquenter plusieurs hommes est interdit aux femmes, qui risqueraient d’entacher leur réputation.

L'inégalité est grande, et c'est ainsi le seul pays où vous trouverez des esclaves faisant vivre un marché très prospère. A Umm Ash-shams, l'esclave est un bien-meuble, aucun respect ne lui est accordé, aucune facilité, et l’on peut le tuer sans poursuite du moment qu'on le trouve inutile. C'est d'ailleurs cette rigueur qui vient souvent détériorer le jugement des étrangers appelant les habitants d'Umm Ash-shams des « barbares » alors que leur pays est un des plus riches et délicats.

Une histoire gravée dans le sable, ancrée dans les mémoires. Une trahison qui entraîna un bain de sang, et le sacrifice de pauvres âmes sous les ordres d'un tyran. Tous ou presque se souviennent du sultan Shahryar, ardant conquérant qui, sous son règne, soumis tout le désert, portant le royaume à son apogée. Chef militaire habile, fin stratège, il était l'homme fort des dunes et nul n'osait le provoquer de peur des représailles. Mais malgré son grand pouvoir et son autorité, son honneur fut bafoué. Blessé dans son propre orgueil, il devint fou face à l'adultère de sa femme, la Sultane, avec un de leurs esclaves. De cette infidélité naquit un profond malheur qui s'empara de toutes et de tous. Le sultan fit égorger sa femme et son amant, chassa toutes ses concubines, et une loi fut votée : chaque jour il prendrait une nouvelle épouse, vierge de toute caresse, et la ferait exécuter au matin de leur nuit de noce, afin d'être le seul à l'avoir jamais possédée. Pansant ses plaies dans la satisfaction de voir les femmes à leur tour souffrir, sa haine à leur encontre ne fit que s'amplifier, ses mains étant couvertes du sang de celles qu'il avait condamnées pour un acte dont elles étaient innocentes. Ses nombreuses jeunes victimes défilèrent sur la place publique où leur cœur fut transpercé par un sabre courbé d'Orient.

Il fallut le courage et la ruse d'une femme pour sauver les autres et dissiper la terreur. Shéhérazade, fille aînée et trésor le plus précieux du Grand Vizir lui-même, se sacrifia pour épargner une vie de plus. Astucieuse et charmeuse, lors de ses noces, son unique faveur fut que sa jeune sœur Dinarzade puisse dormir dans leur chambre. Et c'est ainsi que les deux sœurs, complices, entamèrent un voyage de mille et une nuits, l'esprit de Shéhérazade s'animant pour trouver des contes toujours plus captivants qu'elle poursuivrait la nuit d'après. Le sultan se laissa bercer, baissa sa garde devant cette magnifique femme qui lui contait monts et merveilles. Les jours passèrent et l’inspiration s’épuisa, poussant la jeune sultane à mettre un terme définitif à tout ceci, qu'importent les conséquences. Durant l’ultime nuit, elle versa dans le verre de son époux le venin du scorpion, et la vie en lui s'éteignit. En l’an 1061, le tyran disparut alors. Peuple et noblesse, libérés, s’accordèrent pour transmettre la couronne à la sultane et à sa future lignée. Martelant le nom des Al-Sakhri, détruisant l'ancien palais et les statues de l'ancien roi, ils plongèrent l’ancienne lignée dans l'oubli. Le seul enfant né du tyran fut exilé dans le désert, loin de la capitale. On renia sa légitimité en proclamant qu'il n'était rien d'autre que le fils d'une femme volage et de son esclave.

Les Al-Naaqa firent d'Umm Ash-shams une nation brillante, à la culture riche. Ils restèrent proches du peuple, dominant d'un œil bienveillant le désert. Depuis lors, la lignée perdure et le sang royal ne se mélangea que lors du couronnement en 1171 de la sultane Jasmine avec le sultan Aladdin, né roturier et voleur. Ils surent cependant se faire aimer du peuple, et il n'y eut jamais autant de magie à Umm Ash-shams que durant leur règne, connu pour sa longévité et sa prospérité.

De nos jours, cette même lignée demeure à la tête d’un royaume qu’elle a façonné à son image, alors que dans le désert se tapissent les derniers Al-Sakhri, rongés par la haine et la vengeance.

Un trône pour deux rois : c'est un véritable bras de fer qui se joue dans le désert, une lutte constante pour une couronne d'or et de rubis qu'aucun ne veut lâcher. Et si les tensions s'étaient endormies, elles ne se sont jamais vraiment éteintes. Les Al-Sakhri, dignes descendants du sultan Shahryar, lignée légitime s’étant vue exilée dans le désert il y a des siècles, n'ont jamais renoncé au pouvoir. Terrés dans le désert, ils se sont fait oublier, prétendant être dorénavant inoffensifs, pour mieux revenir, un cimeterre caché dans les plis de leurs drapés. Les cobras au venin mortel se transmettent de génération en génération cette rancœur envers ceux qui les ont déshérités. « Baise la main que ne peut couper » voilà leur devise, gravée dans leur épiderme. C'est sournoisement qu'ils se sont renforcés, orchestrant leur retour imminent. Sachant que plus aucun garde ne contrôle désormais le devenir des exilés et leurs potentiels desseins rebelles, les serpents en profitent pour s'insinuer dans toutes les tribus nomades, les liant entre elles, s'emparant silencieusement du désert pour s'abattre ensuite contre les portes d'Agrabah et reconquérir leur dû. La patience est une vertu à laquelle nuit la précipitation, et ils l’ont bien compris ....

Alors que la menace plane dans le désert sans pour autant s'être manifestée, à l'intérieur des remparts de la capitale, la famille suzeraine gouverne Umm Ash-shams depuis des générations.  Forte et stable, elle semble inébranlable, indétrônable. Le peuple est son atout, lui qui l’acclame, la remercie, alors qu'on crache encore sur le nom Al-Sakhri. Les Al-Naaqa sont les maîtres de cette contrée désertique depuis le règne de Shéhérzade la Bienveillante (شهرزاد الخيرين), le Sultan en est la figure majeure, l'autorité suprême, bien que les membres de la famille aient tous une place de choix et jouent chacun un rôle précieux. Ils sont transparents et accessibles bien qu'ils n'oublient pas quelle est leur place et leur rang. De tous temps, les Al-Naaqa dédient leur vie au royaume, pour l'enrichir, l'améliorer et le porter toujours plus haut. Ils ont cette noblesse d'âme, ce dévouement, cette détermination. Aucun animal venimeux ne les représente, seulement un cheval majestueux et fier.

Les Al-Naaqa sont connus pour leur honnêteté bien qu'ils savent aussi habilement tirer les ficelles à leur avantage. Ils nouent des alliances seulement avec des pays qu'ils respectent et dont ils approuvent la politique. Cependant il arrive aussi qu'ils doivent créer des amitiés lucratives. Ainsi, Bramblesland leur fournit leur nourriture contre les plus beaux joyaux du désert et de l'artisanat de haute qualité. Une vieille amitié lie Umm Ash-shams avec le Val de Joly et Sailorland, et si l'un des deux pays entrait en guerre, nul doute que le Sultan mobiliserait ses troupes. Les relations sont toutefois plus compliquées avec le Nord, les deux royaumes s'ignorant totalement. Il en va de même avec le royaume d'Apple-Kingdom, le Sultan affichant clairement son inimitié pour la grande Reine de Glasscity, de façon plus pondérée que ses alliés Montrose.